Petite Marie


Sur les conseils de sa nutritionniste, Madame Hixe me contacte.

 

Elle m’explique qu’au cours d’un échange scolaire, deux années auparavant, sa fille a prit beaucoup de poids (une dizaine de kilos), et que bien qu’elle applique scrupuleusement les conseils diététiques reçus, … sitôt un kilo perdu, le voilà revenu… !

Peut-être que quelque chose bloque…?

Je m’informe bien évidemment que sa fille soit partie prenante et consentante

et je lui propose un rendez-vous.

 

Marie a 16 ans, et curieusement elle en parait 14 ; c’est tellement rare aujourd’hui qu’une jeune fille fasse moins que son âge que cela m’interpelle, même sa tenue est celle d’une jeune enfant.

 

Elle me confirme que la prise de poids s’est faite durant ce fameux voyage,

pourtant rien de marquant ne s’y est produit …Ni là, ni ici avant de partir

… pas de conflits familiaux…

… pas de déception amoureuse… ? à cette question je décèle de l’embarras…

 

- » Tu sais, le poids a différentes fonctions dans la vie,

  … Soit il cache la personne… soit il la montre… dans ton cas, ce serait laquelle ?»

 - « moi il me cache ! … Je ne veux pas qu’on me choisisse !

     Je veux être appréciée pour   ma personnalité ! Pas pour le physique ! »

 

Elle m’explique que les filles préoccupées par leur physique, les « girly girls »,  sont stupides… futiles…

Elle, elle se destine à une profession sociale, un métier orienté vers les autres !

 

Le conflit interne est identifié !

Marie ne conçoit pas qu’il soit possible d’être belle ET d’avoir de la personnalité.

 

Maintenant que les polarités sont au grand jour, permettons qu’elles s’opposent ouvertement  et qu’elles parviennent à un accord,

pour cela il est plus facile  d’user de la dissociation :

Je propose à marie d’imaginer deux personnages,

l’un qui aimerait perdre quelques kilos, et l’autre qui bloque la machine…

 

Le premier est identifié comme une fée, légère et virevoltante, en robe bleue ciel, avec une baguette magique… la fée clochette,

 

Le second est une « bucheronne » en chemise à carreaux et bonnet rouge.

Une discussion s’engage entre les deux protagonistes mais il semble que chacun reste sur ses positions et qu’aucun compromis ne soit envisageable…

 

Je quitte alors le jeu de rôle.

Je propose à Marie de symboliser sa « personnalité » par un objet… elle me donne d’emblée l’ananas

( … c’est tout à fait ça ! une jolie couronne et des piquants pour ne pas qu’on le mange...),

 

Je lui explique que dans la nature, comme pour l’âme humaine rien ne disparaît jamais… tout se transforme…

Alors je lui propose de bien regarder son ananas, …  de le prendre en main, … de sentir son poids, sa texture, … et de le déposer sur le sol, une terre bien riche, fraichement retournée…

… Et de me dire ce qui se passe…

 

Elle me raconte que l’ananas se démultiplie, qu’il crée de nouvelles pousses,

qu’il se repend…

Je lui fais alors remarquer que pour cela l’ananas a du perdre sa forme initiale…

Qu’il n’est plus le fruit urticant du départ mais une plante avec de longues feuilles et de belles et profondes racines… Marie est d’accord avec cette image, elle sourit…

 

Le conflit était au niveau des croyances - être belle c’est être futile -

L’intention positive de ce conflit  était de l’ordre identitaire :

– Je veux conserver ma personnalité -

La résolution devait donc s’opérer au niveau supérieur de pensée,

le sens de la vie : - s’épanouir -.

Tout cela paraît très technique mais le consultant n’est pas conscient de ce travail…

 

 

Et maintenant, qu’en est-il de nos  deux protagonistes ?

 

- « La bucheronne est d’accord pour que l’ananas soit au sol et elle pense qu’il va faire de beaux fruits pendant longtemps… que c’est une bonne place pour l’ananas… »

- « et la fée ? »

- « bin… la fée, elle,  n’est plus là, elle s’est envolée… »

 

Je demande à Marie comment elle se sent ; elle est joyeuse… elle ne sait pas vraiment pourquoi mais c’est bien…

Je lui propose de me préciser combien de kilos elle veut perdre…elle me parle de 5 … pour commencer… et je l’invite à convenir maintenant de la date du début du changement.

Peut-elle s’imaginer comment elle sera une fois l’objectif atteint ? Oui?

Que ressentira –t-elle ? Est-ce que c’est ok pour elle ?

Est-ce qu’elle a conservé sa personnalité ? bien sûre !

Parfait !

 

Pour terminer la séance je lui demande d’acter le travail fait aujourd’hui par quelque chose de précis ; elle me propose de fabriquer une baguette et elle me dessine déjà le plan de l’instrument en devenir!

 

Il n’y a plus qu’à attendre que la magie opère !!!!I