Le poids familiale.


Julie vient à ma rencontre sur les conseils de sa nutritionniste ;

Bien évidemment cette dernière sait que, parfois,  un « problème » de poids est un problème de substitution… un arbre qui cache une forêt…  

 

Julie a 47 ans, elle est divorcée et mère de  deux grandes filles de 14 et 21 ans.

Il y a deux ans, à la suite d’une sleeve,  

elle a « retrouvé sa liberté » en perdant 25 kg… mais ce bonheur fut de courte durée…  

(Il arrive que certaines personnes ne parviennent pas à faire le deuil des kilos perdus si la raison de la prise de poids initiale n’est pas comprise, …

dès lors, sans en prendre conscience, elles reprennent les kilos perdus… )

 

Aujourd’hui, avec +20 kilos et bien que son programme diététique soit en place, qu’elle le comprenne parfaitement et qu’elle l’accepte, elle ne parvient pas à maigrir…

Son problème ? Elle ne peut s’empêcher de grignoter…; c’est « plus fort qu’elle »….

Quelque chose prend le contrôle sur sa volonté…

 

(Pardon à toutes les mamans de ce monde… mais le poids, en trop ou en manque est parfois..., souvent… je n’ai pas dit toujours…

lié à la relation de la mère à l’enfant… )

 

Julie a-t-elle souffert d’une interruption du lien maternel ?

Non, sa mère a toujours été présente ; trop d’ailleurs, elle a longtemps empêché Julie de sortir, de vivre sa vie de jeune fille…

Julie lui en veut encore beaucoup aujourd’hui… c’est en partie à cause de cela qu’elle s’est marié vite… pour quitter la maison, pour être libre…

Elle m’explique que son ainée est une rebelle, qu‘elle refuse de voir sa grand-mère… alors que la plus jeune est sous l’emprise de celle –ci…

 

(Un des fondamentaux des constellations familiales est que lorsqu’un enfant est en colère sur  le parent de même sexe (fille en colère sur sa mère, fils en colère sur son père), c’est que, par amour filial inconscient, il s’associe au parent pour l’aider à porter sa colère).

 

- « Comment étaient les relations entre vos parents?

       Quelle est la place des femmes dans votre  famille ? »

La mère de Julie était une jeune fille de la ville, mariée à son cousin germain à l’âge de 20 ans… ( un tabou dans la famille… une tradition au Portugal en ce temps là semble t-il) ;

ce cousin  était un homme de la campagne ; cette union a été critiquée par une partie de sa famille …

Le couple a très vite immigré en France ; Julie n’apprend que tardivement que sa mère était victime des violences conjugales… tout comme l’était sa grand-mère…

 

 

Un autre  point important est de savoir a quoi correspond la pulsion du grignotage ;

que vient-elle combler et quand est-elle assouvie…

- « j’ai une réserve dans mon bureau, tiroir de gauche;

                  et je pioche dedans tout au long de la    journée »

- « pourriez-vous fermer les yeux…

                  Revivez la scène…

                  Juste avant de tourner le regard vers le tiroir…      

                  Que ressentez-vous ? »

- « oui, voilà, … non, je ne sens rien… »

- « oké…posez votre main sur votre ventre… ;

                  Ressentez-vous quelque chose ?...

                  Une angoisse ? Une peur ? Qu’est ce qui se passe ? »

- « non… c’est étrange…c’est comme un grand trou noir… »

- « oké…et quand vous mangez quelque chose, que se passe t-il.

- « rien… j’essaye de remplir… mais ca reste vide… »

 

Le vide… le néant… autant dire la mort…  

Je sais maintenant ce l’inconscient de Julie redoute et associe à la perte de poids.

 

(Beaucoup de nos sentiments, comportements et symptômes ne sont pas liés à notre histoire personnelle, mais ont leur origine dans une loyauté familiale qui veut qu’une génération reprenne les conflits non réglés des générations précédentes, l’enfant arrive dans un état de dépendance totale. La nécessité pour lui d’être accepté par son clan, sa famille, est vital. L’enfant va donc faire sien inconditionnellement le destin de sa famille qu’il partage sans réserves, et si besoin à ses propres dépens. Ainsi l’enfant, mu par un radar affectif, peut par amour prendre en charge les souffrances et les destins d’autres membres de la famille,)

 

J’explique cela à Julie, je l’invite à reconsidérer le destin de sa mère… de sa grand-mère, … des générations de femmes précédentes… Elle est la première de sa lignée à refuser  le contrôle de l’homme sur sa vie, la première à divorcer, à décider de son destin !…quelque part elle rompt son obligation de loyauté… elle refuse de continuer à porter le poids de l’histoire familiale…et donc elle se met en danger… c’est en tous les cas le message que lui envoi son inconscient…

 

Je lui propose, par le biais d’une hypnose consciente, de rendre à sa mère le poids des peurs familiales; de prendre conscience que ces peurs ont permit aux femmes de sa lignée de survivre, qu’elles sont un héritage de valeur ; je l’invite à transformer le vide présent dans son estomac en une matière palpable, de poser mentalement cette nouvelle matière au sol, devant elle, et de regarder pousser l’arbre issu de ce don, de le voir grandir, la dépasser en hauteur, de sentir sa force en elle, de regarder sa puissance … de voir ses ancêtres lui sourire…

 

(L’image finale est celle qui est renvoyée dans la mémoire familiale inconsciente : l’histoire n’a pas changé, mais c’est une mémoire nouvelle qui y est désormais associée.)

 

Julie reprend ses esprits, elle est un peu groggy…

Elle prend conscience que son amertume vis à vis de sa mère se dissipe peu à peu, elle pressent que quelque chose de nouveau la rempli…

Bien sûre elle trébuchera encore, c’est normal, le chemin qui s’offre à elle est nouveau !

il sera semé de quelques cailloux qu’il faudra déblayer … mais elle n’est plus seule…  et ce qu’elle a fait, elle l’a fait aussi pour plus grand qu’elle… pour sa descendance… pour ses filles !